Les colonnes - 2019- 202...
Terre recyclée
Diametre 30 cm
Les colonnes de Victor Levai ne soutiennent rien. Elles s’élèvent, indépendantes, autonomes et singulières. Composées de tambours superposés de couleurs et de tailles différentes, elles donnent une impression à la fois massive et fragile.
« Ce sont des anecdotes très factuelles qui m’ont poussé à empiler ces morceaux de terre », explique l’artiste. Besoin d’espace, changement de matériaux, l’artiste décide de mouler de la terre récupérée dans de larges tuyaux. « Au moment où je les démoule je suis troublé par l’effet ! Toutes les jonctions sont apparentes, cet aspect puissant et brut m’intéresse beaucoup au milieu des sculptures fines et léchées que j’aime tant. »
La création de ces tambours permet de stocker la terre sous une belle forme. Ils s’empilent donc durant 6 mois dans l’atelier, produits avec la terre des « échecs » : les pièces cassées accidentellement, les sculptures qui ne plaisent pas et que l’on décide de casser plutôt que de figer à la cuisson, ou encore la « poussière- fantôme » de la production d’atelier que l’on récupère.
Ce sont finalement 3 années de production disparues qui se retrouvent matérialisées dans ces blocs de terres. Au fur et à mesure que la pièce s’élève, elle évoque la colonne architecturale mais aussi la carotte sédimentaire.
« C’est comme si toute les expériences, échecs, anecdotes, périodes de l’atelier étaient stratigraphiées dans ces colonnes », commente l’artiste.
Loin des colonnes néo-classiques grandiloquentes et théâtrales dont le nombre, l’ornement ou la hauteur sont les marqueurs de puissance, ces colonnes sont, au contraire, des monuments d’humilité.
Elles racontent le temps, les blocages, les errances de l’expérience.
Elles exposent non pas seulement les réussites, mais les doutes et les accidents qui jalonnent tout cheminement et toute évolution. Elles sont les fondations de la pratique, que l’on terre et que l’on tait, révélées au grand jour.
Anaïs Montevecchi